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Les bonnes pratiques professionnelles sont étudiées, recensées, imitées et enseignées. Les formations de Management peuvent passer pour des successions de Lapalissades ou un agglomérat de principes de bon sens. Il apparait en effet évident que «un chef doit donner l’exemple», «il faut croire à ce que l’on dit et fait», «un bon manager respecte et écoute les autres»...

Pratique du « Je m’en occupe ! »

Pratique du « Je m’en occupe ! »

Pratique du « je m’en occupe »

J’ai eu la chance de pouvoir observer dernièrement, trois fois de suite à 15 jours d’intervalle, cette pratique de management à la con qui me semble prometteuse.

Le problème avec les mauvaises pratiques c’est que si cela fonctionne une fois, on est tenté de l’essayer une seconde fois. Et si cela fonctionne à nouveau la seconde fois, l’engrenage est lancé et un automatisme se créé. C’est d’ailleurs la même chose avec les bonnes pratiques.

Pour commencer, Il y a deux conditions préalables à cette mauvaise pratique :
1) Elle ne peut être exercée que par un manager (à la con).
2) Il n’est intéressant de l’appliquer qu’en face d’un problème épineux.

Chaque fois que j’ai constaté ce phénomène, le point de départ fut une réunion avec notre manager à la con entouré d’homologues soumettant des problèmes plus ou moins complexes à des experts.
Comme dans beaucoup de réunions, on constate que 80% du temps est consacré à un unique dossier qui embarrasse tout le monde. Chacune des équipes essaie de convaincre l’assemblée que le dossier doit être traité par une autre équipe.
Généralement, au fil de la réunion, les arguments de part et d’autres deviennent de moins en moins crédibles et les débats sont de moins en moins pacifiques.
C’est à ce moment qu’intervient notre super héros – euh … pardon, notre super zéro – pour lâcher sa phase magique : « Je m’en occupe ».

L’effet de surprise engendre aussitôt un moment silence durant lequel certains sont béats, d’autres sont perplexes alors que d’autres encore – ceux dont le manager magicien est le chef, sont exaspérés.

Une échéance étant fixée concomitamment, l’assemblée passe donc aux sujets suivants tout en constatant le courage et l’efficacité de notre grand manager, qui a de ce fait maintenant aussi un aspect mystérieux.

Le lendemain de cette réunion, le manager n’a plus qu’à faire un débriefing succinct avec un de ses subalternes présents à la réunion : « Au fait concernant le dossier d’hier, c’est toi qui t’en occupe. Je ne sais pas comment faire, c’est toi l’expert, mais je compte sur toi pour trouver une solution. ».

Bien entendu, le dossier revient à l’ordre du jour de la réunion suivante, mais ce n’est pas de la faute du manager si l’expert patauge malgré ses consignes. D’ailleurs il rassure l’assemblée en indiquant qu’il va intensifier la pression sur ses équipes pour éviter tout retard.

Afin d’éviter d’être obligé de faire surveiller sa voiture au parking, d’employer un goûteur à la cantine et d’éviter les ruelles sombres en sortant du bureau, le manager change d’expert à chaque réunion.

A titre de variante, cette pratique à la con fonctionne aussi de manière pyramidale, si l’on remplace l’expert par un autre manager (cf. la méthode du bureau incliné, très proche de cette pratique).

Pour les victimes de cette pratique, je propose trois conseils, qui n’empêcheront peut-être pas le mal mais qui pourront peut-être aider à limiter les dégâts :
1) Lorsque quelqu’un se porte volontaire avec une solution miraculeuse, il faut exiger un maximum d’explications concernant cette solution.
2) Lorsqu’un manager confie un dossier difficile ou complexe, il est légitime de demander de l’aide, sous la forme d’une méthodologie ou d’un exemple.
3) Lorsqu’un collègue fait un mauvais coup, même si c’est un chef, il faut le lui faire remarquer, cordialement.

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