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Les bonnes pratiques professionnelles sont étudiées, recensées, imitées et enseignées. Les formations de Management peuvent passer pour des successions de Lapalissades ou un agglomérat de principes de bon sens. Il apparait en effet évident que «un chef doit donner l’exemple», «il faut croire à ce que l’on dit et fait», «un bon manager respecte et écoute les autres»...

Méthode du sauveur du monde

Méthode du sauveur du monde

super manager

Cette méthode est aussi immorale qu’efficace. Elle existe sous deux formes, une très simple et l’autre nettement plus vicieuse.

Le principe de base consiste à créer un problème (sans se faire remarquer) et puis ensuite à le résoudre aux yeux de tous. Que les choses soient claires, il est bien question ici de sabotage.
Plus le problème est grave, plus vous êtes un « sauveur du monde ».

L’unique difficulté pour cette méthode consiste à trouver le bon équilibre entre un problème que n’importe qui pourrait résoudre et un problème trop particulier pour avoir été causé par quelqu’un d’autre que vous.

Les applications sont innombrables. Cela va de la disparition d’un dossier dans les archives à une panne mécanique sur une machine.

Voici un exemple très connu des informaticiens et réservé aux développeurs, que j’ai observé dans les années 90: Ajouter dans un programme des boucles destinées uniquement à ralentir l’ensemble puis, régulièrement, semaine après semaine, faire semblant d’optimiser le programme. Cela permet de consacrer les quelques semaines en question à buller tout en passant pour un champion de l’optimisation.

Variante pour les experts:

Pour que cette méthode soit applicable, il faut que vous ayez un dossier en charge et que votre (ou vos) collègues aient d’autres dossiers. Pour illustrer cette méthode, je vais donner deux exemples, un dans l’automobile et l’autre dans l’informatique. L’un de ces deux exemples est réel et l’autre n’est là que pour transposer dans un autre contexte.

Etape 1 : « Une intervention optimale »
Un client vous demande une intervention sur son véhicule (ou sur un logiciel). Plutôt que de commander les pièces qui manquent – car vous faites toujours en sorte que vos clients soient contentés rapidement – vous allez vous servir sur les autres voitures – que vos collègues entretiennent pour d’autres clients. L’équivalent dans l’informatique consiste à intervenir dans les sources d’un programme utilisé par plusieurs clients au mépris le plus total des conséquences pour les clients autres que le sien.
Faisons un point à la fin cette première étape : Votre client est satisfait de vous – comme d’habitude -, vous avez réagi rapidement et à moindre coût – sans acheter les pièces ou pour l’informatique sans avoir à prendre en compte les règles utiles pour les clients autres que le vôtre, et vous avez saboté le travail en cours d’un ou de plusieurs de vos collègues. Vous n’avez pas de rôle à jouer dans l’étape 2.

Etape 2 : « Les autres après moi »
Lors de l’étape 2, vos collègues livrent chacun le résultat de leur travail à leur client qu’il s’agisse de voiture ou de logiciels. Vous imaginez bien la qualité de la livraison. Des voitures avec des pièces qui manquent ou logiciels avec des comportements contraires à la norme, le tout malgré le soin apporté par les collègues. Vous pouvez imaginer également la réaction des clients : Cela fonctionne moins bien qu’avant. Ah décidément, non seulement les collègues sont moins rapides que vous mais en plus ce qu’ils font ne fonctionne pas. Et puis les clients sont mécontents.

Etape 3 : « Un peu de patience »
Cette étape est délicate et nécessite une bonne expérience du dosage de l’exaspération des patiences.
Il faut laisser mariner tout le monde – clients, collègues et patrons – et n’intervenir qu’à la dernière seconde. C’est-à-dire avant que les clients ne décident de changer de fournisseur, avant que les collègues ne découvrent la cause de leurs malheurs et avant que les patrons ne se demandent pourquoi vous n’intervenez pas personnellement.

Etape 4 : « Sauvetage magistral »
Parce que vous êtes serviable, vous traitez les dossiers calamiteux de vos collègues. Et vous réparez là où vous aviez saboté.
Attention bien sûr à le faire seul, alors que vos collègues sont occupés ailleurs. Le meilleur moment est le soir, car vous êtes certain d’être seul et vous montrez que vous travaillez la nuit pour rattraper les erreurs des autres.
En outre, si vous avez le vice dans le sang, vous pouvez très bien réparer avec exactement la même méthode que pour l’étape 1.

Etape 5 : « Remise de médaille »
Il est très important que cela soit vous qui livriez en personne les voitures – ou logiciels – réparés comme il convient. Vous montrez ainsi à tous que vous êtes le « sauveur du monde ». C’est vous seul qui avez encore une fois résolu les problèmes – pourtant difficiles – alors que vos collègues n’on su que perdre du temps et mécontenter les clients.

Je me souviens très bien du jour où je me suis aperçu de la supercherie qui durait depuis un bon moment. Je n’ai pu m’empêcher d’hurler. Mais mes supérieurs ont su rétablir l’ordre des choses : On m’a expliqué que cela ne sert à rien de s’énerver et de râler tout le temps et qu’on ne peut pas interdire au gourou d’intervenir en cas de problème. Moralité : les « sauveurs du monde » sont intouchables.

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Nom de la méthode : «sauveur du monde»

Facilité de mise en pratique : * * * * pour la méthode de base et * pour la variante réservée aux experts.

Intérêt : Permet de se tailler une réputation hors du commun.

Inconvénient : Nécessite une grande habitude pour se pas se faire démasquer.

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